Retour de Babel: l’ indécidabilité derridienne et la rétro traduction en supplément
René Lemieux
Punctum, 1(2): 68-80, 2015
DOI: 10.18680/hss.2015.0016
Abstract
Ce texte en deux temps questionne l’irréductibilité essentielle d’une division dans le langage dont la traduction doit faire l’épreuve. Dans une première partie est explicitée une réflexion sur le ‘nom’ dans le mythe de la tour de Babel. Dans une deuxième est présentée une difficulté particulière dans la traduction d’un texte en français d’un commentaire de Lawrence Venuti sur sa traduction en anglais de Jacques Derrida. Le lien entre les deux temps est allégorique: le mythe de la tour de Babel est aussi le récit de l’impossibilité d’un retour indemne avant la dispersion des langues, tout comme le retour par la rétrotraduction d’un commentaire sur une traduction se présente comme l’établissement possible d’un ‘nom’. Ainsi, faire revenir la discussion d’un auteur traduit vers sa langue d’origine n’équivaut pas à ‘rétablir’ le discours dans sa simplicité ante traduction, mais au contraire produit une complication supplémentaire. Le ‘re-tour’ de Babel, pour jouer sur la ‘tour’, ne signifie pas l’adéquation d’une langue, ici le français, avec elle-même. Tournant autour de l’indécidable relevance, à la fois propre et impropre à la pensée d’un auteur (Hegel, Gutt, Derrida ou Venuti), l’article se veut aussi une réflexion sur une des caractéristiques de la traduction et du commentaire de la déconstruction: elle nécessite toujours un surplus de langue en n’y laissant rien indemne.
Mots-clés: | Jacques Derrida; Déconstruction; Traduction; Tour de Babel; Lawrence Venuti |